Thur Ecologie & Transports

Déviation de la RN66 à Thann

TET écrit à la presse régionale

 

Texte intégral de Thur Ecologie & Transports remis aux journaux régionaux, à propos de la déviation de la RN66 à Thann sous la gare, ou avec un giratoire.

St Amarin le, 06 octobre 21

Surprise ou bonne nouvelle pour les promoteurs du projet de déviation du PN22 (passage à niveau de Thann sur la RN 66), TET ne s’oppose pas aux solutions prônées pour résorber le bouchon de Thann (dont acte !).

Néanmoins nous nous permettons de faire quelques remarques, de poser l’une ou l’autre question, de proposer d’autres réflexions qui nous semblent d’actualité.

Ainsi, si cette solution avait toute sa pertinence il y a 30, 40 ans, nous ne sommes pas sûrs qu’elle soit la réponse la plus adaptée à la situation d’aujourd’hui, et encore moins à celle de demain. Et ceci même si l’on dit que « c’est dans les vieilles marmites qu’on réalise les meilleures soupes ».

En tout cas, si ces solutions ont bien sûr toujours la faveur d’une large partie de la population de la vallée et au-delà, beaucoup en rêvent, mais au fond d’eux-mêmes ils n’y croient pas ou plus.

Nous constatons surtout que dans le passé la mythique grande ou petite déviation a permis à des hommes politiques (Reitzer, Egler, Weber et aujourd’hui Schellenberger) de bénéficier d’un confortable vivier de voix aux élections, sans que jamais le moindre coup de pioche ne soit donné ! Et que la même recette permettra dans le futur à d’autres de s’assurer une au moins, ou des, élections de sénateur ou conseiller régional ou départemental.

Alors oui, en son temps, et suite au recours de notre association, le tribunal administratif de Strasbourg a cassé la Déclaration d’Utilité Publique (DUP) de Bitschwiller-Willer. Nous l’assumons et rappelons que nous avions largement averti les autorités que nous déposerions un recours, et que cela relève du droit le plus strict d’une association ou d’un(e) citoyen(ne) de le faire contre un projet qui lui déplaît. Que le tribunal, en première instance, donne raison ou pas à l’une des parties, n’empêche pas de faire appel de cette décision. Or, et c’est là que c’est unique en France dans le cadre d’un projet routier, le Préfet de Région -Alsace à l’époque-, a renoncé à faire appel. Mieux, il a déclaré, quelques semaines après la décision du tribunal : « cela apprendra à l’administration de présenter un projet mal ficelé ». En conséquence, alors qu’il est de tradition dans ce genre de dossier de faire appel, AUCUN élu, même parmi les plus « enragés » (Egler, Weber, Reitzer) de la déviation, n’a trouvé à redire ou même tout simplement suggérer au préfet de le faire. Rétrospectivement, nous pensons et nous en sommes persuadés à juste titre, que nous avons été « les idiots utiles » de l’administration, qui en fait ne voulait pas de ce projet beaucoup trop onéreux, pour nous faire endosser la responsabilité de l’abandon du projet. Pour rappel, le Département du Haut-Rhin se retrouvait au final SEUL pour assumer les surcoûts qui auraient suivi, et ils allaient être conséquents. Le Préfet du Haut-Rhin avait même exigé du Conseil général de voter une délibération allant dans ce sens comme condition sine qua non pour apposer sa signature pour la DUP.

Mais cet épisode judiciaire aura au moins permis à certains élus, M. Reitzer en particulier, de se trouver un responsable de l’échec du projet en désignant à la vindicte populaire TET, afin de mieux cacher leur propre responsabilité et leur incapacité à faire aboutir ce projet.

Heureusement que TET existait à ce moment-là pour leur servir de bouc émissaire.

Les années passant, un autre projet de petite déviation de Bitschwiller-Willer a été abandonné, enterré, alors que personne ne s’y opposait sérieusement et surtout pas TET.

De même, le boulevard urbain à la sortie de Thann, avec la réalisation d’un giratoire au droit du Super U, et malgré une DUP favorable depuis 12 ans au moins, n’a toujours pas vu le début du commencement du moindre travail, alors que personne y compris TET, n’a jamais émis la moindre opposition.

Et que dire du malheureux barreau devant relier le rond-point de Vieux-Thann à Leimbach, qui peine a trouvé le financement nécessaire, quelques lamentables petits millions d’€, alors que là aussi personne ne s’y est opposé. Les mauvaises langues racontent que cette somme a servi à des travaux du côté d’Altkirch, ou quand les majorités politiques du moment prévalent…

Si nous sommes dubitatifs quant à la solution proposée pour le PN22, c’est que nous entendons verser au débat 2 grandes questions :

– Ces travaux vont-ils dans le sens d’une réponse aux 2 grands défis auxquels l’Humanité va être confrontée, prise en étau entre la dégradation accélérée du climat et le déclin proche du pétrole, et l’ Europe en particulier, dans la décennie à venir ?

– Alors que l’Agence Internationale de l’Énergie met en garde « contre un risque fort de pénurie d’approvisionnements pour l’Europe d’ici 2030 et que le GIEC, dans son dernier rapport annonce que l’humanité dispose de 10 ans à peine pour tout changer afin d’éviter une catastrophe pour l’humanité », comment nos décideurs répondront-ils à ce qui nous attend –pour peu que cela les préoccupe… ?

Nous proposons au débat que, plutôt que de re-promettre de déverser dans une dizaine d’années des dizaines de millions d’euros pour effacer le fameux bouchon, on les consacre, dès maintenant, à l’économie locale, à commencer pour :

• réduire la distance domicile-travail,

• assurer l’isolation en premier des passoires thermiques dans le bâti ancien et même dans les constructions plus récentes,

• mettre en place des économies d’énergie pour tous les foyers, chauffage de l’eau sanitaire par le solaire, panneaux photovoltaïques sur les toits pour les maisons bien exposées, afin de leur éviter une trop grande dépendance aux énergies fossiles qui sont de plus en plus coûteuses et le seront encore bien davantage à l’avenir,

• le rachat par les collectivités des maisons actuellement abandonnées -il y en a quand même 4 à 500 dans la vallée-, pour les faire rénover, donnant ainsi du travail aux artisans locaux et aux structures d’insertion, au lieu de consommer des terres agricoles pour de nouvelles constructions.

  Ce serait de l’argent investi aujourd’hui dans l’économie locale et pas hypothétiquement, dans une dizaine d’années, dans une route pour que les habitants de la vallée aillent travailler en Suisse, en Allemagne ou dans la Plaine d’Alsace. Soutien total aux entreprises innovantes comme la SAIC en pointe sur les tissus d’avenir, Hydra qui ramène le travail en France, etc.

  Cela doit aller de pair avec une réduction massive du temps de travail, surtout pour les métiers les plus pénibles, mais aussi, dans certaines professions tertiaires où la machine tend de plus en plus à remplacer l’humain. Avec comme corollaire, une réduction non moins massive des inégalités et la mise en place peut-être d’un revenu universel ou de base.

  Il sera nécessaire aussi de moderniser les transports publics ; pour rappel, nous nous sommes longuement battus pour un vrai service TER.

Voilà une esquisse du nécessaire débat qui devrait se tenir en place publique.

Nous nous demandons parfois si nous vivons dans le même monde que nos élus, surtout « les grands », qui ont constamment l’œil fixé sur la croissance qui semble leur tenir de seule religion, avec le PIB, alors que l’on sait qu’une telle orientation mènera l’Humanité encore plus vite dans le mur ; nous y sommes d’ailleurs déjà un peu, et plus violemment !

Il faut que cela soit dit une fois pour toutes, la croissance infinie, dans une planète aux ressources en voie d’épuisement et dans un monde qui lui, est fini, est une aberration et une impossibilité tout simplement physique.

Nous attendons sereinement la contradiction en souhaitant nous tromper et que dans les 10/15 ans à venir, nous serons démentis par les faits et aurons eu tort. Cela nous réjouirait profondément, car il s’agit de l’avenir des générations futures et, dans l’immédiat proche de celui de nos enfants, petits-enfants, mais aussi des jeunes et moins jeunes adultes, qui est en jeu.

TET-06/10/2021