Pour le transport gratuit

L’urgence sociale, économique, environnementale et sanitaire doit inciter tous et toutes

à exiger le transport collectif urbain, péri-urbain et rural gratuit !

Les années 2020 & 21, avec la crise sanitaire due au Covid, ont vu s’aggraver dramatiquement les inégalités sociales : notre pays compte plus de 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, selon l’INSEE. Les distributions alimentaires ont explosé et le nombre des bénéficiaires du RSA a lui aussi augmenté de plus de 9 % selon l’Observatoire des inégalités : http://reseau-gratuite-transports.org/. On peut craindre que les effets délétères de cette crise ne vont pas disparaître de sitôt.

Si la pollution urbaine a été temporairement réduite pendant le confinement, les émissions de gaz à effet de serre en France notamment liées aux transports, sont toujours en augmentation alors que nous devrions les réduire au maximum pour limiter le dérèglement climatique. Cette augmentation des gaz à effets de serre est indissociable d’une hausse de la pollution atmosphérique responsable de 48 000 morts par an.

C’est pour ces raisons que la France a été condamnée par la Cour de justice européenne, dans un arrêt d’octobre 2019, pour ne pas avoir pris les mesures nécessaires à la protection de ses citoyens, et pour un dépassement persistant des émissions de dioxyde d’azote et de particules fines dans nos agglomérations. C’est pour ces mêmes raisons que le Conseil d’État a émis une condamnation similaire en 2020.
Urgence à agir

Le modèle dominant de déplacements dans nos villes, basé sur la voiture et le transport par camion, est complètement inadapté aux enjeux actuels en matière de mobilité, de lutte contre la précarité économique des plus démunis et contre la pollution et le dérèglement climatique.

L’organisation actuelle de notre société oblige à une grande mobilité pour permettre l’accès aux zones d’activité et de commerce, aux services administratifs, aux lieux d’étude et d’enseignement, aux lieux culturels, de soin, de loisirs… Ces obligations exigent un droit à la mobilité pour tous quelles que soient la situation sociale et les possibilités financières de la personne.

Il y a donc urgence à repenser notre modèle de déplacements, urgence à agir à la fois sur les plans social et environnemental qui sont indissociables.
Agir à tous les niveaux

maîtrise doit rester du domaine de la puissance publique. Jamais et nulle part les transports en commun n’ont pu exister et se développer sans un financement très massivement public alimenté par les contribuables, particuliers et entreprises. Laissé à la logique du marché, le service se dégrade inévitablement. C’est la loi de la rentabilité, des dessertes abandonnées, des fréquences réduites, un réseau inadapté qui dissuade finalement les usagers d’abandonner la voiture, pourtant plus chère et polluante.

Les obligations de mobilité amènent à repenser celle-ci comme un droit. La gratuité et le développement des transports en commun maîtrisés par la puissance publique garantissent ce droit à la mobilité. En favorisant les transports en commun en libre accès, on diminue la pollution, on redonne du pouvoir d’achat aux populations les plus fragilisées par la crise, on facilite l’émancipation des jeunes et l’accès à une vie sociale aux retraités qui ont de faibles pensions.

Dans un contexte où les politiques publiques ont été incapables d’éradiquer la pauvreté, la mise en place de tarifications sociales n’est qu’un pis-aller et une mauvaise solution. Elle est dans son principe même inégalitaire car pour des raisons très diverses de nombreuses personnes qui pourraient en bénéficier ne font pas les démarches nécessaires. Cela a notamment été démontré par des études faites à Dunkerque par l’Observatoire des Villes de la Gratuité. Seul le libre accès par la gratuité des transports en commun est vraiment égalitaire, financé par les entreprises (versement mobilité) et par la puissance publique. La gratuité des transports en commun sert l’intérêt général. En favorisant l’abandon de la voiture individuelle elle permet une mobilité saine et à la portée de tous. Lorsqu’elle est associée à une bonne qualité du service, se trouvent réunies les conditions nécessaires à une forte incitation au report modal.

Les lieux pour agir sont multiples. Depuis le niveau premier de la démocratie, la Commune, que les élus doivent rendre respirable et plus humaine. Aux échelons suivants, le Département dont l’action sociale est l’une des compétences principales, la Région pour son rôle élargi dans l’aménagement du territoire et la politique des transports et pour sa capacité à mobiliser les fonds européens. Enfin l’État, car la France par sa puissance économique peut se donner les moyens d’agir.
La volonté politique de répondre à l’intérêt général

Il existe à travers le monde de nombreux exemples de villes qui ont mis en place la gratuité des transports en commun, comme Tallin, capitale de l’Estonie, ou Sainte Julie (Québec) dans la banlieue de Montréal.

Plus près de nous c’est un pays entier, le Luxembourg, qui a fait le choix d’instaurer la gratuité dans tous les transports en commun, instaurant de fait un droit à la mobilité pour tous.

En France, à Châteauroux, Dunkerque, Calais ou Niort, les élus qui se sont engagés dans cette voie ont dû adapter leurs démarches aux réalités spécifiques de leurs villes, de leurs agglomérations.

L’Observatoire des villes du transport gratuit recense actuellement 35 réseaux de transport gratuit desservant 376 communes pour plus d’un million cinq cent mille usagers. Ces chiffres ne tiennent pas compte des villes qui mettent en place la gratuité comme Montpellier (480 000 habitants), qui vise une gratuité totale en 2023, ni des nombreuses expérimentations de gratuités partielles actuellement en cours comme celles des métropoles de Nantes, Rouen, Nancy…. Tous ces exemples nous ouvrent la voie.

Dans la situation environnementale et sociale actuelle, les élus se doivent de répondre aux débats sur la gratuité des transports en commun. Dans les trente-cinq villes et intercommunalités en France qui ont fait ce choix, ou dans celles qui sont en expérimentation, l’objectif est de faciliter la mobilité de tous, de redynamiser les centres-villes, de réduire la part de la voiture donc de la pollution, de redistribuer du pouvoir d’achat aux plus démunis. Et c’est un succès, les électrices et électeurs ne s’y trompent pas.

Aujourd’hui, nous, Collectif national pour la gratuité des transports, en appelons à la responsabilité de nos élu.es et gouvernant.es. Des études montrent qu’il faudrait doubler la part des transports en commun dans les déplacements d’ici 2030 pour faire face au dérèglement climatique. Des choix politiques forts doivent être faits. La logique de gestion actuelle des transports urbains doit être abandonnée pour une véritable révolution multimodale et une reconnaissance des transports comme service public à part entière. Les transports du quotidien (tram, bus, métro, TER et Services Express Métropolitains) doivent donc être développés pour que chacun puisse les prendre facilement, en même temps que devront être développés des modèles de livraison en ville moins polluants.

Nous n’avons plus le temps pour des demi-mesures ou des petits pas. Nous demandons donc à nos élu·es de mettre en place ces politiques dans les plus brefs délais.

Coordination nationale des collectifs pour la gratuité des transports publics urbains
http://reseau-gratuite-transports.org/
Contact@gratuite-transports.listes.vox.coop // gratuite_transports@posteo.net

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