Géo-Ingénierie & apprentis sorciers

Géo-ingénierie pour sauver la planète ?

Un camarade du PES (Pour l’Emancipation Sociale) vient de publier un dossier sur la géo-ingénierie. Cette problématique très inquiétante ne semble pas soucier des scientistes, de facto les pouvoirs politiques se frottent les mains pour avoir déniché une nouvelle « poule aux œufs d’or » d’une part et de pouvoir affirmer d’autre part œuvrer dans le bon sens pour le climat, l’économie, les affaires… surtout.

Romain Ménigoz – le 30 septembre 2022.

N’en déplaise aux climato-sceptiques, il est dorénavant indéniable que le climat planétaire se réchauffe, et même probablement plus rapidement que nous l’ont annoncé les rapports du GIEC. Depuis deux décennies les phénomènes climatiques sont de plus en plus extrêmes et de plus en plus fréquents, avec évidemment, comme corollaire toutes les catastrophes naturelles que cela engendre. Si ces effets étaient bel et bien perceptibles, l’année 2022 (qui n’est pas terminée) nous oblige à réaliser l’ampleur de ce qu’implique un réchauffement planétaire (actuellement de 1,1°C) de 2, 3, 4 voire 5°C pour la fin de ce siècle. Face à l’urgence, la technolâtrie ?!

2022 une année emblématique

Cette année, plusieurs vagues de chaleur caniculaire se sont succédé, s’abattant sur une grande partie de tous les continents où ont été enregistrés des records absolus de températures. Outre les terres, les eaux aussi surchauffent. Les canicules marines deviennent de plus en plus fréquentes dans les mers et océans et ont des conséquences dramatiques pour la biodiversité. Au mois de juillet, rien qu’en Méditerranée, la température de l’eau a été 6.5 PC supérieurs à la normale au large de l’Espagne, de la France et de l’Italie.
Ajoutée à cela, la sécheresse, qui elle aussi a battu de tristes records sur le globe cette année. En vingt ans à peine, la durée des épisodes de sécheresse s’est accrue de 29 % selon un rapport de l’ONU (mai 2022). Celui-ci prévoyait que la sécheresse cette année allait plonger plus de 2.3 milliards d’humains en état de stress hydrique, soit plus d’un tiers de la population mondiale, sans oublier le nombre inconsidéré d’espèces animales et végétales dans le même cas.
Cette année est aussi marquée par les mégas feux, favorisés par la combinaison de la sécheresse et des canicules à répétition. Ils ont frappé les forêts déjà mises à mal par les activités humaines. De l’Amazonie aux États-Unis en passant par l’Afrique, partout, leur intensité et leur fréquence se sont accrues. Au 20 août, le bilan provisoire des incendies en Europe faisait état de 660 000 hectares dévastés depuis janvier, un niveau inégalé à ce stade de l’année depuis le début de l’utilisation des données satellitaires en 2006. Et pour couronner le tout, les orages, la grêle et pluies diluviennes eux aussi sont de plus en plus violents.

La Chine qui a cumulé cette année extrême sécheresse, canicules et inondations, donne un aperçu des répercussions que peuvent causer ces bouleversements climatiques sur nos infrastructures. Sa production agricole est en berne ce qui pousse le prix des denrées à la hausse. La production hydroélectrique à l’origine de 17% du courant produit en Chine est à son plus bas. Dans la province Sichuan, dépendante à 80% des barrages hydrauliques, les autorités de 19 des 21 villes ont appelé le 14 août les industriels à cesser leur production durant une semaine. La mégapole de Chongqing, les provinces de Jiangsu et de Zhejiang ont pris des mesures similaires. Les perturbations sur les chaînes de production (déjà mises à mal depuis 2 ans par la covid) ont accentué les pénuries de marchandises (à Shanghai Tesla s’est plaint de problèmes d’approvisionnement). Les 5,4 millions d’habitants de la ville de Dazhou, toujours dans la province de Sichuan, ont été rationnés l’électricité à deux heures et demie par jour alors qu’en parallèle la demande atteint des niveaux-records en raison des températures supérieures à 40° et du recours à la climatisation, grosse consommatrice d’énergie. Devant un tel constat les propositions pour sauver la planète ne manquent pas.

La géo-ingénierie, une fuite en avant

La géo-ingénierie – ingénierie de la terre – rassemble l’ensemble des technologies visant spécifiquement et délibérément à agir sur le climat. Elle peut être déclinée en trois grandes catégories d’interventions : la gestion du rayonnement solaire (GRS), le captage et le stockage du carbone (CSC) et la modification de la météo. Présentées comme des solutions au réchauffement climatique, ces technologies comportent des dangers inhérents à leur déploiement dans de multiples domaines géopolitiques, économiques ou écologiques.

Limiter le rayonnement solaire

La modification météo consiste à ensemencer les nuages de produits chimiques (iodure d’argent) afin de provoquer des précipitations de pluie, de neige ou de limiter les chutes de grêle. Découverte aux États-Unis en 1940 et développée lors de la 2ème guerre mondiale dans le cadre de la course à l’armement qui les oppose à l’Allemagne, cette technique marque le début d’une série d’interventions visant à manipuler l’environnement. En matière militaire, ce fut l’opération Popeye pendant la guerre du Vietnam. En 7 ans, plus de 2 300 missions d’ensemencement des nuages seront effectuées dans l’objectif de faire pleuvoir pour rendre impraticables les routes et les sentiers (et notamment la piste Ho chi Minh) et, en prime, inonder les rizières du nord du pays (1). Pouvoir manipuler la météo est un atout militaire majeur. Cette technique est aussi utilisée à des fins commerciales.

En France certains vignerons passent par des sociétés privées pour s’équiper de générateurs au sol, capables de propulser une solution à base d’iodure d’argent à une altitude d’un à trois kilomètres dans le but de limiter la formation des grêlons. En 1951 10% de la surface des États-Unis était déjà ensemencée à des fins commerciales. Aujourd’hui c’est face au dérèglement climatique que la modification de la météo devient un enjeu crucial.

La Chine lance sur le plateau tibétain le plus gros projet au monde, Sky River (rivière du ciel), prévu pour couvrir une zone de la taille de l’Espagne. L’objectif, proposé par la Société Aérospatiale pour les Sciences et la Technologie (un important sous-traitant militaire), serait de canaliser entre 5 et 10 milliards de m3 de pluies supplémentaires par an. Aucune modification météorologique n’a jamais été réalisée à cette échelle auparavant et il existe une grande incertitude quant à ses impacts probables sur le climat, tant au niveau régional que mondial. De même, les effets des changements climatiques sur la trajectoire des vents et des cours d’eau à l’échelle continentale, sont mal connus. Si le projet fonctionne, en plus des risques sur les moyens de subsistance des éleveurs et paysans vivant sur le plateau tibétain, il pourrait donner au pays un contrôle significatif sur l’approvisionnement en eau dont dépendent un grand nombre de populations résidant sur plusieurs pays. Le plateau tibétain alimente non seulement les fleuves Jaune et Yangtsé qui traversent la Chine, mais aussi les fleuves Mékong, Salouen et Brahmapoutre, qui sont importants pour le Myanmar, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, le Vietnam et l’Inde. Bien que l’on ignore comment le projet chinois affectera ces cours d’eau, il est difficile de ne pas percevoir, là, un pouvoir de contrôle, ne serait-ce que potentiel, comme une menace géopolitique. Sans compter que les risques de contamination à la toxique iodure d’argent par un encensement régulier année après année sur la biodiversité ne sont pas anodins. Selon l’organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations Unies, au moins 26 gouvernements effectuaient fréquemment des expériences visant à modifier le temps.

Pour capter le dioxyde de carbone

Le captage et le stockage du carbone (CSC) est un procédé technologique consistant à piéger le CO2 produit par la combustion de ressources fossiles avant qu’il ne soit émis dans l’atmosphère. Il peut être utilisé pour réduire tant les émissions des centrales à charbon, à gaz, que celles des raffineries, de la sidérurgie de la cimenterie, de la chimie et de la pétrochimie. Une autre technique consiste à capturer le CO2 directement dans l’air (DAC). Une fois le CO2 récupéré, il est transformé en gaz, puis comprimé, pour ensuite être acheminé par canalisations, bateaux, trains ou camions, parfois sur plusieurs centaines de kilomètres vers un lieu de stockage dans les sous-sols, généralement entre 1 000 et 2 000 mètres de profondeur. Si ces techniques créent l’engouement de ses adeptes, elles rencontrent néanmoins un grand nombre d’écueils.

Ces processus sont extrêmement énergivores, gros consommateurs d’énergies fossiles et nécessitent l’installation d’un nombre de pipe-lines plus important que ceux déjà exploités par les centrales pétrolières. Rien qu’en Amérique du Nord, le réseau de pipelines devrait passer de 8 000 kilomètres aujourd’hui à 43 000 kilomètres en 2050, posant des problèmes de sécurité liés aux fuites des lieux de stockage, des canalisations ou même pendant leur transport : une « solution » dont la faisabilité à grande échelle reste à prouver. Par exemple le captage du CO2 dans l’air a un coût gigantesque, entre 750 et 1 000 dollars la tonne de CO2, alors que le crédit carbone (le droit à polluer) en Europe, lui, s’élève à environ 80 € la tonne. Par ailleurs, son efficacité reste à démontrer, à l’instar d’Orca en Islande. Inaugurée le 8 septembre 2021 avec une capacité d’absorption de 4 000 tonnes de CO2/an, elle est l’usine la plus grande au monde. Érigée en figure de proue, elle n’a toutefois pu voir le jour que grâce à l’énergie d’une installation géothermique à proximité. Une goutte d’eau face aux 43 Mds de tonnes émises annuellement dans le monde.

Certaines de ces technologies utilisent des systèmes mécaniques, d’autres consistent à manipuler des espèces et des écosystèmes. Parmi elles, la bioénergie avec captage et stockage du carbone (BECCS). L’idée est de faire pousser des arbres ou des plantes à croissance rapide comme l’eucalyptus, le peuplier, le miscanthus… afin qu’ils captent du CO2. Cette biomasse est ensuite brûlée pour produire de l’énergie et le dioxyde de carbone issu de la combustion est récupéré puis stocké dans des formations géologiques profondes, avec les problèmes qui y sont liés. Comme pour l’huile de palme, il faudrait des étendues considérables de monocultures et d’importantes ressources en eau, en azote et en phosphore. Et comme pour l’huile de palme, elles priveraient d’autres productions, notamment alimentaires, de l’usage des terres (déjà en situation de tensions) pour les populations marginalisées et, évidemment, auraient des impacts catastrophiques pour la biodiversité.

La folie technolâtre ne s’arrête pas là

D’autres proposent la fertilisation des océans. Le principe consiste à injecter du fer dans les eaux salées dans le but d’accroître la population de phytoplancton des eaux de surface, qui dégagent de l’oxygène et fixent du CO2 par photosynthèse. Il s’agit de stimuler un processus naturel à l’origine d’absorption et de stockage d’une partie des émissions de CO2. Hormis les quantités astronomiques de fer, l’extraction et le déploiement logistiques pour l’épandage qu’elle suppose, la production artificielle de phytoplancton pourrait entraîner des changements importants dans les écosystèmes marins, qui sont à la base de la chaîne alimentaire. Cala est d’autant plus préoccupant lorsque ces écosystèmes sont déjà fragilisés et stressés. L’épandage de fer pourrait aussi produire d’autres gaz, comme le dioxyde d’azote (NO2), dont l’effet de serre est 300 fois plus puissant que celui du CO2.

Une synthèse scientifique réalisée en 2008 à la demande de la Convention sur la Diversité Biologique, soulignait la faiblesse des connaissances du rôle des océans dans le cycle mondial du carbone et la difficulté d’établir des bases solides pour tester l’efficacité de cette pratique. Ces technologies, déployées dans des écosystèmes complexes, risquent d’avoir des effets secondaires imprévisibles. La durée et la sûreté de la séquestration dans les sols ou dans les océans sont en grande partie inconnues. Il n’existe aucun moyen sûr et abordable assurant la séquestration à long terme du carbone. D’autres études concluent que cela pourrait entraîner un important réchauffement différé de l’atmosphère, une diminution de la quantité d’oxygène, une concentration de CO2 extrême dans les fonds marins conduisant à une acidification encore plus accrue des océans.

Rien n’arrête les apprentis-sorciers ?

Une autre technologie concerne la gestion du rayonnement solaire (GRS) visant à contrer les effets des gaz à effet de serre en réfléchissant une partie du rayonnement solaire dans l’espace. Les « solutions » sont diverses, «low-tech» pour certaines comme recouvrir les déserts de plastique réfléchissant, couvrir à l’aide de matériel isolant ou d’un film d’épaisseur nanoscopique les accumulations de neige ou les glaciers de l’Arctique dans le but de réfléchir la lumière du soleil et de prévenir la fonte. Ou encore de peindre des toitures, des chaussées, des sommets de montagnes, en blanc, voire de faire flotter de petites bulles sur la surface des océans. Plus dingue encore, l’utilisation de technologies de géo-ingénierie les plus «high-tech » consistant ni plus moins à modifier la stratosphère en y ajoutant une «pollution» réfléchissante ou l’envoi entre la terre et le soleil de «parasols spatiaux» pour y bloquer directement une partie du rayonnement solaire, ou encore blanchir les nuages en modifiant leur composition par injection d’eau de mer (salée) pour accroître leur pouvoir réfléchissant.

La pulvérisation de particules polluantes dans l’atmosphère attire davantage l’attention tant ses implications et conséquences sont considérables. Il est envisagé de pulvériser des particules d’aérosols réfléchissantes comme le soufre, le sulfure d’hydrogène ou le carbonate de calcium dans la stratosphère. Selon le CNRS, il en faudrait plus de 3 millions de tonnes/an pour maintenir la température à moins de 0,5/1°C de la température initiale.

Les répercussions sont incommensurables. La gestion du rayonnement solaire pourrait altérer le fonctionnement des systèmes climatiques planétaires et provoquer des processus de rétroaction non prévisibles, susceptibles de produire des effets variables d’un endroit à un autre du globe : notamment la modification de la trajectoire des tempêtes et de la configuration des précipitations. Elle perturberait, entre autres, le régime des moussons en Asie du Sud ou dans l’ouest de l’Afrique et détruirait les cultures indispensables à la survie de centaines de millions de personnes. Elle bouleverserait l’équilibre des écosystèmes et, de fait, mettrait en péril la biodiversité. Elle contribuerait aussi à l’érosion de la couche d’ozone, limiterait le processus de photosynthèse pour les espèces. Sans ignorer qu’inévitablement les tonnes de particules pulvérisées dans la stratosphère finiraient par retomber sur terre avec tous les problèmes liés à la santé et à la sécurité environnementale.

Cette « solution » est présentée comme une mesure d’urgence, un plan B, qui donnerait des résultats rapides, à faible coût et prêt à l’emploi. Mais cette technologie ne peut vraiment être testée qu’à grande échelle et il est très difficile de faire la distinction entre les effets d’expériences à petite échelle sur le climat et les fluctuations climatiques survenant naturellement. Et pour couronner le tout, une fois déployée, il serait inconcevable de l’arrêter ; en cas d’interruption volontaire ou involontaire le réchauffement climatique serait beaucoup plus rapide que ce que nous connaissons actuellement, la plupart des êtres vivants n’auraient pas le temps de s’y adapter. En d’autres termes, afin de pouvoir assurer la vie de la biodiversité sur terre (humains inclus), il s’agirait de maintenir ce processus ad vitam aeternam.

Ces technologies de géo-ingénierie ne sont que des réponses de « fin de chaîne ». Elles ne s’attaquent pas aux causes, mais aux symptômes et évitent de s’interroger sur l’origine des émissions de gaz à effet de serre ; pis encore, elles n’incitent pas à les réduire. D’autant plus que toutes ces techniques, même cumulées, outre l’impasse écosystémique qu’elles provoqueraient, seraient insuffisantes face à l’ampleur du réchauffement climatique.

L’efficience la plus significative de la géo-ingénierie tient dans l’opportunité offerte aux gouvernements d’entretenir le mythe d’une solution miracle. Elle leur offre une porte de sortie « idéale » pour ne pas prendre les problèmes à la racine. Si le déni de gravité du réchauffement climatique n’est plus une option, le déni d’en reconnaître les causes continue à faire son office.

La grande hypocrisie

Cette année pourrait bien devenir la norme dans les prochaines décennies et s’aggraver significativement dans le courant de la deuxième moitié de ce siècle si rien n’est fait pour décarboner drastiquement nos économies. Et c’est bien là où le bât blesse ! Après 30 années de bla-bla climatique au sein des COP, la 26ème à Glasgow en novembre 2021, n’a pas étonné par son insuffisance. L’objectif était de respecter l’Accord de Paris, ratifié en 2015, par lequel les États s’engagent à contenir le réchauffement climatique bien en deçà de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Malheureusement, si pour ce faire, l’accord de Glasgow mentionne la sortie progressive du charbon ainsi que des subventions aux combustibles fossiles, cette sortie ne concernera que les usages « non compensés » (2) ou les projets qui ne sont pas corrélés à des technologies de captage stockage de CO2, une brèche dans laquelle les États vont pouvoir s’engouffrer. D’ailleurs le jour même Bercy déclarait qu’aucun projet ne serait abandonné dans l’immédiat car il n’en existe pas sans captage et stockage de CO2. Mieux encore ! L’Arabie Saoudite, plus gros pays exploitant de pétrole au monde, qui jusqu’à très récemment s’est illustré dans les négociations climatiques par sa tactique d’obstruction et de retardement niant la réalité scientifique du dérèglement climatique, s’est lancé dans la « green initiative ». Dans son plan « Vision 2030 », annoncé quelques jours avant la COP26, elle fixe l’objectif de neutralité carbone pour 2060 tout en promouvant les techniques de captage stockage de CO2. Ces deux cas font figure d’exemples et ne sont pas isolés et démontrent que le but n’est pas tant de sortir des énergies fossiles et restructurer nos modes de production et de consommation, que de trouver des méthodes compensatoires à leurs usages, qui hormis le fait qu’elles ne sont pas au point et engendreraient des problèmes environnementaux colossaux, seraient de toute façon insuffisantes face à l’ampleur du réchauffement climatique.

Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, d’ici 2030, les États prévoient de produire deux fois plus d’énergies fossiles que ce qu’il faudrait pour respecter l’Accord de Paris. Depuis sa signature en 2015, des banques comme BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, ont en moyenne augmenté de 19% leur financement dans les énergies fossiles (Total +15%). D’après un rapport d’Oxfam de février 2021, même prises individuellement ces banques ont un impact carbone supérieur à la France. Sur 35 entreprises du CAC 40 analysées, seules 3 ont une empreinte carbone et des engagements susceptibles de les faire rester dans une trajectoire compatible avec un réchauffement inférieur à +2°C. Toutes les autres poussent le thermomètre dans le rouge : 10 entreprises – dont 3 banques ainsi que Total, TechnipFMC et Dassault Aviation – ont une trajectoire associée à un réchauffement supérieur à +4°C et 17 entreprises sont entre +3°C et +4°C. Un groupe de 5 entreprises situe sa trajectoire entre +2 et +3°. Les 11 plus grandes banques européennes possèdent pour 530 Mds d’actifs dans le commerce des énergies fossiles. La Chine continue de construire des centrales à charbon pour ses nouvelles routes de la soie… La liste n’en finirait pas tant les énergies fossiles sont au cœur du système économique capitaliste, qui, pour se maintenir, n’a d’autre choix que de s’accroître et donc recourir davantage aux énergies fossiles.

Dans ces conditions il est clair que toutes les gesticulations politiques voulant nous faire croire que ces technologies vont nous sauver, relèvent soit de la technolâtrie, cette foi inconsidérée en des techniques largement insuffisantes face à l’ampleur du réchauffement climatique (il n’en existe pas à même de régler les problèmes) et aux impacts démesurés qui leur sont associés, soit d’une grande hypocrisie où l’intention n’est pas tant de « sauver la planète » que de sauver un modèle économique qui ne fonctionne pas. Ce qui est certain, c’est que face au refus d’agir sur les causes du réchauffement climatique et l’intensité des catastrophes naturelles que cela engendre, il est plus que probable que ce qui nous est présenté comme un plan B, à l’image de la gestion du rayonnement solaire, ne soit autre que le plan A, le seul !

La géo-ingénierie n’est autre qu’une géo-piraterieCet épisode donnera lieu, en 1977, à une juridiction internationale sur ses usages militaires : la Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles

Principe de la compensation carbone : permettre aux Etats signataires et à « leurs » entreprises de financer des projets de réduction d’émission de gaz à effet de serre à l’étranger en échange de crédits carbone, c’est-à-dire de droits à polluer (appelés « unités de réduction d’émission » ou « certificats de réduction d’émission ». Ces droits sont des certificats garantis par l’ONU.

Romain Menigoz
Sources, argumentaire contre la géo-ingénierie :
https://www.etcgroup.org/fr/content/g%C3%A9opiraterie-argumentaire-contre-la-g%C3%A9oing%C3%A9nierie

https://www.oxfamfrance.org/rapports/climat-cac-degres-de-trop/#:~:text=Le%20mod%C3%A8le%20insoutenable%20des%20grandes%20entreprises%20fran%C3%A7aises,-Oxfam%20France%20publie&text=Le%20rapport%20r%C3%A9v%C3%A8le%20que%20les,dans%20l’Accord%20de%20Paris.

Article paru dans le n° 86 de la revue Pour l’Emancipation Sociale.

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