Quand les chasseurs proposent de faire la police

Chasseur policier, quelle ambition !

Certain-es diraient qu’on arrête pas le progrès – dans la série : débarrassons-nous du service public, le privé fera aussi l’affaire et coûtera moins cher – quoique.

Willy Schraen, le président de la Fédération nationale des chasseurs annonce dans une interview (au JDD du 14/11), vouloir proposer un « partenariat » aux élus ruraux, pour lutter « contre la délinquance rurale et environnementale ». Il estime que les fédérations départementales de chasseurs ont « un rôle à jouer en matière de police de proximité ».

W. Schraen s’est invité au Congrès des maires qui s’est tenu les 16, 17 et 18 novembre, pour annoncer vouloir proposer aux élus ruraux ce « partenariat », afin de donner aux agents assermentés de sa fédération des pouvoirs de police dans la forêt (sic). « Je pense qu’en matière de police de proximité, les fédérations départementales des chasseurs ont un rôle à jouer pour contribuer à la prévention et à la surveillance des territoires », prétend-il.

« Au sein de la fédération, nous avons des agents de développement. Ce sont des professionnels formés et assermentés intervenant déjà dans certaines communes qui en ont fait la demande pour la régulation de certaines espèces nuisibles », explique le patron des chasseurs.

 » Ses agents » « pourraient, demain, sous le contrôle de l’Etat et des maires, avoir des missions plus larges pour s’occuper des dépôts d’ordure illégaux, de la divagation des animaux domestiques, des problèmes liés à la présence de véhicules motorisés dans la forêt à des endroits sensibles, etc. Il s’agirait de dresser des procès-verbaux et de constater des flagrants délits, précise-t-il. Cela bien sur en complément des missions régaliennes de l’Etat. Or comme celui-ci se dérobe devant ses responsabilités publiques en terme notamment de gestion du patrimoine Français, cette proposition tombe à pic.

Willy évoque sa relation avec Emmanuel Macron, avec qui il entretient de très bons rapports (« Il a fait des choses pour la chasse qu’aucun président n’avait fait jusqu’à présent », saluait-il début novembre au JDD). Le très médiatique président de la FNC se défend aussi après les nombreux accidents de chasse survenus ces dernières semaines, dont le dernier en date, fin octobre, a entraîné la mort d’un automobiliste près de Rennes.  Si demain la chasse était interdite, les animaux se multiplieraient, les risques de collision sur la route augmenteraient, et ça provoquerait la mort de centaines de personnes», assure-t-il, drapé dans son costume de «premier écolo de France (re-sic).

Garde champêtre d’un temps révolu

Interrogé sur les accidents de chasse de ces dernières semaines, dont ont été victimes des non-chasseurs, M. Schraen dit les déplorer, « évidemment », et se battre « tous les jours pour que ça n’arrive plus », notamment avec « des formations intensives sur la sécurité », tout en estimant « qu’on [les] médiatise beaucoup trop ». Il ajoute vouloir proposer le retrait définitif du permis de chasse « si quelqu’un tue ou blesse une personne grièvement en ayant commis une faute grave ». « Ce n’est pas le cas aujourd’hui, [ce permis] est simplement retiré pour une période donnée », fait-il valoir. « S’il est prouvé que vous avez commis une erreur, alors il faudra dire adieu à votre permis de chasse », promet-il.

la police des chasseurs de Schraen s’appuierait sur les « agents de développement », des « professionnels formés et assermentés intervenant déjà dans certaines communes pour la régulation d’espèces nuisibles ». Poursuit le président de la FNC. A peine l’idée lancée, certaines voix se sont élevées. Pour Matthieu Orphelin, porte-parole de Yannick Jadot, il s’agit d’une « provocation ». David Guiraud, porte-parole jeunesse de la France insoumise, s’inquiète : «Willy Schraen expliquait le 9 novembre à l’émission les « Grandes Gueules » sur  RMC : «Tu penses qu’on est là pour réguler… Mais tu n’as pas compris qu’on prend du plaisir dans l’acte de chasse ? [Tuer], ça en fait partie. Tu crois qu’on va devenir les petites mains de la régulation […]. Je n’en ai rien à foutre de réguler.»

Plus de 400 tués dans des accidents de chasse en France depuis vingt ans !!!

Après la nouvelle loi Sécurité globale, le pouvoir politique, par l’entremise d’un électorat réactionnaire, poursuit son projet de policer par tous les moyens qu’il peut utiliser. Avec une police municipale qui devient judiciaire, avec des sociétés de vigiles qui pourront aussi faire la police, avec des policiers qui pourront garder leur flingue même en faisant leurs courses avec leur famille, l’interdiction de photographier leurs violences possibles lors de manifestations, et l’ensemble des attaques contre les droits fondamentaux, les chasseurs vont pouvoir former des milices à la répression.

Si les caisses de l’Etat sont vides, c’est que les coffres (privés) son plein ! Ce qui indéniablement se traduit comme chacun-e sait à une baisse des moyens de gestion et d’entretien, en l’occurrence de la forêt. Il en est de même des prérogatives que doivent tenir les communes sur leur territoire… Or, on assiste au sein des communes rurales à une disparition de la police de proximité concernant la surveillance et la protection du bien public.

Il en est de même pour la forêt publique, celle-ci est entretenue sous la responsabilité de l’ONF (Office national des forêts) dont les agents professionnels et assermentés ont pour rôle notamment de faire la police dans les bois. Mais plus de la moitié des agents ont tout simplement disparus ; chaque départ en retraire d’un agent ONF, c’est un personnel qui se réduit puisque non remplacé – ou si peu. Quant-à l’autre moitié, elle passe bientôt plus de temps à faire de la paperasse qu’à courir les bois.

Suppléer la protection de la forêt et des terres agricoles par des chasseurs, si le projet est validée, est de l’irresponsabilité politique !

Donner pouvoir de police à des gens qui aiment tuer est politiquement criminel, faudra pas venir s’étonner lorsque un accident adviendra, car malheureusement cela arrivera !!!

Les commentaires sont clos.